*Source : Programme FORSS – SIRA Haby Ba, Rapport d’état des lieux des services disponibles en matière de lutte contre le VIH/sida en Mauritanie, Avril 2019
Si une évolution positive des chiffres liés au dépistage du VIH a été observée depuis 2002 grâce à la mise en place de centres dédiés, à l’implication de la société civile dans le dépistage mobile et à l’adoption en 2020 d’une stratégie nationale, de nombreuses insuffisances persistent. Le territoire n’est couvert qu’à 58% et peu de centres sont fonctionnels ou communiquent suffisamment autour de leurs activités, si bien que le dépistage gratuit n’est effectif qu’en de rares endroits*. Le pays compte par ailleurs seulement sept structures de prise en charge (à Nouakchott, Nouadhibou, Kiffa, Kaédi, Néma, Zouérate et Rosso). Certaines personnes doivent ainsi parcourir jusqu’à 800 km pour atteindre le centre de prise en charge le plus proche, accentuant le phénomène de perdu·e·s de vue et compliquant l’accès aux autres composantes de l’accompagnement global (suivi nutritionnel, psychosocial, éducation thérapeutique). Seuls 8% du personnel médical sont formés au suivi des PVVIH. Les unités de prise en charge se caractérisent par ailleurs par des locaux exigus, hébergeant plusieurs activités. Ceci soulève des questions sur le manque de confidentialité et explique qu’une partie des PVVIH reste à l’écart des services qui y sont proposés.
*Source : Programme FORSS – SIRA Haby Ba, Rapport d’état des lieux des services disponibles en matière de lutte contre le VIH/sida en Mauritanie, Avril 2019
des PVVIH qui connaissent leur statut reçoivent un traitement antirétroviral
taux de prévalence au VIH chez les TDS
taux de prévalence au VIH chez les HSH
La faible prévalence de l’épidémie du VIH/sida dans le pays (0,3% en 2021) masque d’importantes disparités. Elle est concentrée dans les zones urbaines (elle atteint par exemple 1,66% à Nouadhibou) et au sein des groupes dits “à risque”, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) (23,4%)* et les travailleur·se·s du sexe (TS) (9%)**. La vulnérabilité de ces groupes augmente avec un taux élevé de prévalence des infections sexuellement transmissibles et une connaissance limitée des modes de transmission. Parmi les déterminants, la pauvreté, les migrations et les mariages multiples sont souvent cités. Mais les personnes dites “à risque” et les populations clés font aussi et surtout face à un environnement législatif, social et culturel discriminant.
*Source : Chiffres ONUSIDA 2021
**Source : Ibid.
La Mauritanie fait partie des pays qui condamnent par la peine de mort les relations sexuelles entre personnes du même sexe (Art.308 du Code pénal). Bien que cette loi ne soit pas appliquée, les HSH sont régulièrement emprisonnés ou victimes de harcèlement de la part des forces de l’ordre. Parmi eux, les PVVIH disent souffrir de discrimination de la part du personnel soignant, soulignant le rejet et le manque de confidentialité. Associées à une défiance générale de la population mauritanienne envers les HSH et PVVIH, cette pénalisation et stigmatisation expliquent les nombreux défauts de prise en charge. Le travail du sexe quant à lui – officiellement interdit – évolue dans la clandestinité. Les TS rapportent leurs difficultés à accéder à l’information et aux moyens de prévention, mais aussi à protéger leurs droits, en particulier en cas d’interpellation par les services chargés de la “lutte contre la dépravation des mœurs”. La possession de préservatifs peut être, par exemple, un motif d’interpellation par la police. Face à la forte stigmatisation que les TS déclarent subir de la part du personnel soignant, en particulier dans les services publics, le relai assuré par les organisations de la société civile semble d’autant plus crucial.